English
 

Lors de ma toute dernière journée en Jamaïque, j’ai bavardé avec une dame assise dans le bus alors que je me tenais debout au-dessus d’elle, en m’agrippant à la sangle de sécurité. Elle m’a demandé comment s’était passé notre séjour et a voulu savoir si nous étions allés à Negril et à Montego Bay pour profiter des plages. Elle était contrariée d’apprendre que nous n’étions allés que sur une plage proche de Kingston et allions passer à côté de certains lieux touristiques typiques. Je lui ai alors expliqué que nous n’étions pas vraiment en vacances en Jamaïque mais que nous étions là pour enseigner la formation du caractère. Alors elle s’est écriée : « Bienvenue, bienvenue, bienvenue en Jamaïque ! »

Comme partout ailleurs dans le monde actuel, l’éclatement des familles traditionnelles touche la Jamaïque avec tous les problèmes sociaux qui en découlent. La presse locale de Kingston faisait récemment ses gros titres sur les efforts du Premier ministre pour s’attaquer au crime.

Notre équipe de formateurs du caractère de la FPU avait projeté de venir en Jamaïque pour soutenir l’encadrement d’un camp de la FPU intitulé « Lutter contre le VIH/sida en renforçant le caractère. » Ce camp devait accueillir de 40 à 60 jeunes pour une expérience de cinq jours du 4 au 8 août à l’école élémentaire de Half Way Tree (l’arbre à mi-chemin). Mais avant que le camp ait pu commencer, nous nous sommes retrouvés le 14 juillet pour un camp d’été tout juste créé : le Centre Sir Howard Cooke centré sur le développement du caractère et fondé par le Groupe du jeudi, à Nannyville, un faubourg de Kingston.

Le Groupe du jeudi compte plusieurs Ambassadeurs de paix parmi ses membres, et le représentant de la FPU en Jamaïque, M. Dennis Salmon, fait partie du groupe depuis 2004. Le président du Groupe du jeudi, le révérend Martin Spade, est un Ambassadeur de paix.

Le 1er août 1991, Sa Majesté la Reine Elisabeth II a élevé Sir Howard Cooke au poste de Gouverneur-Général de la Jamaïque ; une position certes essentiellement honorifique puisque la Jamaïque n’est plus une colonie britannique, mais Sir Howard s’est servi de sa position pour réunir autour de lui des hommes et des femmes respectés de la collectivité chaque jeudi de 18 heures à 19 heures. Des ecclésiastiques de diverses confessions, mais aussi des professions libérales, des hommes et femmes d’affaires ont continué à se rencontrer, même après la retraite de Sir Howard en 2006.

En vrais patriotes jamaïcains, les membres du Groupe du jeudi veulent voir leur pays réaliser son vrai potentiel. Leurs débats se sont tous achevés sur le même constat : la racine des maux de la société est liée aux insuffisances du caractère. Lassés de parler, certains ont fini par offrir du soutien scolaire et de l’aide aux devoirs dans un bâtiment qui doit être rénové grâce à un prêt. Quand les rénovations seront finies, le bâtiment comportera un espace de bureau, une bibliothèque et des salles de réunion en plus des salles de classe et un studio de danse qui sert déjà. Le camp d’été a reçu le financement du Fond d’investissement social de la Jamaïque.

Justin Noll de New York et Alice Roschuni de Maryland ont travaillé avec le plus jeune groupe d’enfants, âgés de 6 à 10 ans. Le chef Kuwahara de Boston et moi-même étions dans une classe d’environ 30 élèves de 11 à 16 ans. Nous apportions notre concours aux enseignants pour les matières académiques au début de chaque journée, puis nous donnions nos cours de développement du caractère.

A l’aide du manuel Discovering The Real Me, nous avons fait de notre mieux pour aider les élèves à réfléchir sur le thème : comment faire les bons choix dans sa vie. À partir d’un chapitre du Livre 7 Retourner à la maison, le chef et moi avons aidé les élèves à se familiariser avec leur conscience, laquelle peut nous servir de boussole quand une pression menace de nous écarter du meilleur chemin vers une vie heureuse et réussie. Un des récits que le chef préfère est celui du Livre 12, chapitre 3 : « Mon ombre et moi ». Un grand-père indien y parle à son petit-fils des deux loups en guerre à l’intérieur de lui. Le garçon demande lequel des deux loups l’emporte, et le grand-père répond : « Celui que je nourris. » On s’est demandé comment nourrir le bon loup et affamer le mauvais loup en chacun de nous.

Nous avions régulièrement les remerciements du directeur du camp, M. Ivan Coore, et du responsable du projet du Groupe du jeudi, le Dr Sitaram Poddar, pour être venus partager nos leçons avec les enfants comme avec les adultes. Sir Howard Cooke a rendu visite au camp le 22 juillet et il a exprimé sa gratitude à chaque personne de notre équipe.