Discours pour la Conférence internationale des Dirigeant et Festival international pour la paix
Nairobi, Kenya, 29-31 Août 2008

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Je suis très heureux de vous accueillir à Nairobi, vous sachant porteur d’un message de paix alors que nous sortons d’une crise. Mon épouse Ida et moi avons pris part à vos congrès en Corée, et nous nous sentons entre amis. Des conférences comme celles-ci apportent un réconfort à notre peuple.

Après des élections présidentielles disputées, nous avons vécu une période où plus de 1 500 personnes ont péri. Des centaines de milliers d’autres ont été déplacées. Les forces de sécurité ont aussi déchaîné une grande violence. Elles avaient ordre de « tirer pour tuer ».

Nous avions vécu dans l’illusion d’être un pays uni. On avait revêtu l’habillage de l’unité, mais quand ce  masque est tombé, on a vu un autre visage du Kenya. Les Kényans sont allés au bord du précipice et ont regardé dans l’abîme, mais nous n’avons pas aimé ce que nous avons vu. Nous avons donc fait un pas en arrière et décidé de nous parler les uns aux autres.

Nous avons vu que si rien n’était fait, le pays volerait en éclat. En songeant à d’autres cas où des élections contestées avaient entraîné la division du pays, nous avons dit que le Kenya est plus grand que nous tous.

Aujourd’hui, les choses ont repris leur cours — mais pas un cours habituel. Nous savons que vous rester unis et prospères, nous devons changer radicalement, et nous avons entamé ce processus. Nous devons nous reconnaître et nous respecter mutuellement et réconcilier notre société qui s’est déchirée.

En voyant la vie des gens et leur sécurité et en pensant à l’unité du pays, j’ai décidé qu’il était temps de faire des compromis. C’était en partie une des leçons que j’ai apprises en participant à la conférence à Séoul, en Corée.

Nos frères africains et la communauté internationale nous ont aidés. Concernés par la stabilité et la sécurité du Kenya, des dirigeants mondiaux m’ont appelé, plusieurs sont venus à Nairobi pour s’entretenir avec moi et le président Kibaki. L’Union africain a pris les devants et un groupe de gens éminents est venu au Kenya, avec à leur tête le Dr Kofi Annan, ancien Secrétaire-Général de l’ONU. Nous avons mis sur pied une équipe constituée de quatre personnes de chaque côté afin de siéger et de négocier sous la direction de ce panel.

Nous étions arrivés à une impasse totale, quand Kofi Annan a suspendu les débats et s’est entretenu avec Kibaki et moi-même. Aucun côté ne voulait faire de concessions au-delà d’un certain point. J’ai alors  dit : « Bon, pour mon pays je suis prêt à cette avancée et j’invite le Président Kibaki à faire cette avancée de son côté. » Il a fini par tomber d’accord, et chacun a fait la moitié du chemin. On aurait dit des cardinaux réunis pour élire un pape : la première fois que nous sommes sortis, les gens ont vu une fumée noire et ils savaient que le pape n’avait pas été élu ; nous sommes revenus, et quand nous sommes ressortis, les gens ont vu la fumée blanche, ont arrangé les chaises pour la signature de l’accord.

L’accord suscitait des réticences, dans chacun des deux bords, mais on ne pouvait faire mieux. On s’est dit que c’était une bonne chose pour le Kenya.

Nous avons convenu de former un gouvernement de grande coalition avec un partage du pouvoir à 50-50. Dans le cabinet, 50 pour cent sont mes ministres et 50 pour cent sont avec Kibaki. Le partage du pouvoir est équitable, et on se consulte constamment. Nous pensons que c’est le seul moyen de parler, vu les causes profondes des maux de notre pays. Une telle coalition est une première dans le pays et même en Afrique. Il nous faut toutes les ressources de notre créativité, de notre générosité, et de notre patience pour nous assurer que nous restons unis.

La clé essentielle de la paix est de vite relancer l’économie pour effacer les dégâts générés par la violence. Des entreprises ont été détruites, les cultures ont été suspendues, le chômage s’est envolé, et les prix alimentaires ont augmenté.

Ce mois-ci, j’ai réuni la première conférence trimestrielle du Premier ministre pour faire évoluer les rapports entre le gouvernement et le secteur privé. Il faut aussi transformer l’économie et la vie des Kényans. Nous sommes en train de tisser des liens puissants entre le gouvernement et le secteur privé pour en redynamiser l’économie.

Vous participez au festival international pour la paix, et j’espère que vous transmettrez ce message d’un nouveau Kenya autour de vous. Nous avons un engagement collectif pour trouver des solutions. Malgré le terrible traumatisme du sang versé, nous avons montré que nous sommes prêts à aller au-delà des frontières, des cultures, et des traditions pour rétablir la paix.

Le festival international pour la paix d’une famille en Dieu montre qu’avant de faire partie d’une nation, d’une tribu, ou d’une faction politique, nous sommes d’abord et avant tout les enfants du même Créateur. L’appartenance à la famille humaine fait de nous des frères et sœurs. Pour notre survie à tous, notre prospérité, et notre coexistence pacifique, il ne faut jamais l’oublier.

Je respecte le Dr Moon et sa fougue pour former les jeunes responsables à l’esprit du service public. Je sais qu’il est le fer de lance d’activités faites pour amener la paix en misant sur une génération de jeunes responsables qui ont la capacité de servir les autres. Livrés à eux-mêmes sans directives appropriées, les jeunes mettent leur énergie dans des choses qui peuvent favoriser l’égocentrisme. L’éducation du caractère et la foi sont essentielles afin que les jeunes dépassent leurs limites pour servir paix.

Nous avons uni nos efforts pour nettoyer le fleuve Nairobi, et des Kényans de tous bords y ont pris part. On m’a dit que la rivière Han de Séoul était jadis polluée comme le fleuve Nairobi mais désormais, des efforts réfléchis en ont fait une rivière propre, et je m’en suis rendu compte. Nous comptons bien donner au Nairobi cette propreté.

C’est par des forums tels que celui-ci que la jeunesse de ce pays sera capable de se transformer en dirigeants fiables du futur. Je veux vraiment vous remercier.