Un regard neuf en pleine crise économique
Thursday, April 2, 2009
Alors que le sommet du G-20 se réunissait au Excel Centre de Londres et que des manifestations violentes agitaient le quartier des banques de la City, la Fédération pour la paix universelle (FPU) tenait une réunion dans la plus grande salle de commission du Parlement, autour du thème : « Un regard neuf en pleine crise économique. »
Les orateurs ont souligné le contraste entre d’un côté l’approche pragmatique du G-20 et de l’autre la vision morale des responsables de la société civile et des guides spirituels qui assistaient à la réunion. Beaucoup se retrouvaient dans le slogan des manifestants : « priorité au peuple ». On ne doit pas continuer comme avant, ont-ils déclaré, il est temps de porter un regard neuf.
Lord Tarsem King est un des parrains de la FPU au Royaume-Uni. Accueillant chaleureusement la conférence au Parlement, il a proposé une double feuille de route : l’analyse de la crise économique par des organisations militantes, puis le regard des groupes confessionnels.
Des représentants de la société civile, et notamment Nick Dearden, qui préside la campagne du Jubilé de la Dette, ont vu dans la crise une occasion de revoir l’équité de notre système économique au lieu de tourner la page quand la crise sera derrière nous. La dette des plus pays les plus pauvres envers les plus riches avoisine les 1 000 milliards de dollars. Il y a donc un rapport de 1 à 5 entre l’aide reçue et le remboursement des dettes.
Ruth Tanner, directrice de campagne de War on Want, a vu dans la crise le résultat d’un échec du système économique qui a laissé 2,2 milliards de gens vivre dans la pauvreté. Parmi eux, l’extrême pauvreté touche 1,4 million de personnes. « Ce qui m’inspire, a-t-elle ajouté, c’est que les gens sur le terrain se dressent face au système et les partenaires locaux de War on Want créent des syndicats de travailleurs qui font campagne pour des salaires décents. »
Moeen Yaseen est le fondateur de Vision 2000. Pour lui, le nœud du problème n’est pas l’argent, mais plutôt la vérité contre l’erreur. « Nous vivons dans un âge de duperie généralisée. Il faut une révolution morale et culturelle. » Voyant l’économie mondiale « comme un casino géant où c’est toujours la boutique qui gagne », il a précisé : « il faut nettoyer cette city. Jésus a bien fait le ménage dans le Temple. »
Richard Dowden dirige la Société Royale Africaine. Il a décrit le continent africain comme un continent riche et plein de pauvres, à cause de la mauvaise gouvernance.
L’Occident en est complice, même si la responsabilité première incombe à l’Afrique. « L’argent corrompu de l’Afrique entre dans les paradis fiscaux britanniques et de là gagne la City, a-t-il déclaré. La City est prête à éradiquer l’argent de la drogue, l’argent de la terreur et l’argent de la corruption. Un budget de la santé nationale qui puise dans l’argent de la corruption fait plus de morts que l’argent de la drogue et l’argent de la terreur réunis, mais la City n’a pas su faire face à l’argent de la corruption. »
Le Dr Thomas Walsh, secrétaire général de la FPU, a brossé un tableau des activités de son ONG. Il a souligné le rôle de la formation du caractère et du milieu familial pour construire une économie stable. L’humanité elle-même est une famille élargie en Dieu.
Dans son discours, le Dr Chung-hwan Kwak, président de la FPU internationale, a souligné qu’il convient de suivre un certain nombre de politiques pour stabiliser notre économie et veiller sur notre environnement. Mais ces politiques prendront mieux si elles s’appuient sur le terreau de familles affectueuses guidées par la foi. Il a défendu l’idée d’un corps global de paix qui puisse apaiser les tensions tout en aidant à atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.
L’Imam Umer Ahmed Ilyasi, secrétaire général de l’organisation de tous les Imams de l’Inde, qui regroupe quelques 500 000 imams indiens, a évoqué les défaillances du G-20. S’exprimant au nom de la plus grande démocratie du monde, il a dit : « Je ne vois pas la croissance économique se traduire sur le terrain. » L’Imam Lyasi a dit son intention de lancer « Foi au 21e siècle » un peu plus tard dans l’année afin de promouvoir l’action interreligieuse pour résoudre les problèmes courants.
Frank Kantor, le Secrétaire Général pour l’Eglise et la Société de l’Eglise Réformée Unie, a parlé de trois rôles que peuvent jouer les communautés religieuses dans cette crise : en premier un rôle prophétique de présenter le point de vue de Dieu de sorte que nous le comprenions pour le monde ; ensuite, une sollicitude pastorale envers ceux qui souffrent du manque d’argent et d’emplois. Troisièmement, en formant des partenariats avec la société civile.
« Ce n’est pas l’argent qui pose problème, mais l’éthique des affaires » a précisé Anil Bhanot, le Secrétaire Général du Conseil hindouiste pour le Royaume Uni. Il a proposé un système de régulation à trois niveaux, couvrant les transactions nationales et internationales, afin d’empêcher les abus.
Jonathan Fryer, le président du groupe international libéral, a dit « vouloir un véritable nouvel ordre mondial plutôt qu’une redistribution du paquet de cartes et cela pour un partage des richesses et des décisions. » Passer du G-7 et du G-8 au G-20 est en soi une bonne chose, mais même en redistribuant le paquet, 172 pays restent sur la touche. Nous devons travailler ensemble sur des principes et des objectifs moraux communs. Il ne faut pas simplement démarcher son député mais utiliser le blog, twitter et s’assurer que sa voix se fait entendre.
Inspirés par notre foi, armés de notre expérience avec tant de groupes de la société civile, et liés par un réseau d’ambassadeur de paix et d’organisations partenaires, le consensus semblait évident : la campagne en vaut la peine et constitue une étape décisive vers une famille humaine en Dieu.
Les recommandations de la FPU pour le groupe du G-20
Souhaitant apporter une contribution au sommet du G-20 du 2 avril, la Fédération pour la paix universelle a publié une déclaration préconisant le besoin d’un sursaut éthique. La crise financière actuelle n’est pas le fait d’un accident et n’était en rien inévitable. A la base du problème, il y a un échec moral, voire spirituel tout autant qu’une mauvaise gestion financière ou gouvernementale. Les améliorations fiscales, économiques et commerciales sont donc insuffisantes. Les attitudes et comportements des populations, des institutions et des pays tout entiers doivent changer. D’où nos recommandations :
- Une réforme éthique suivie de plus d’équité et de transparence
- Plus d’attention aux rapports entre la vie de famille et les réalités économiques
- La formation du caractère en famille, les institutions confessionnelles et les écoles publiques.
- Consacrer 0,7 % du Produit National Brut à soutenir l’assistance au développement et l’accomplissement des objectifs du millénaire pour le développement.
- L’annulation de la dette pour les pays les plus pauvres.
- Le dialogue interreligieux et interculturel pour défendre la compréhension de notre racine commune.