Pour la dignité de la femme
Café-Tao, Paris, France
14 novembre 2009

« La plus grande idéalité qu’une femme puisse éveiller chez un homme c’est au fond la conscience de l’immortalité. » Kierkegaard

La mythologie occidentale et mésopotamienne peut se résumer à une justification du pouvoir masculin au détriment de la femme, le mythe Grec de la boite de Pandore faisant en ce sens écho au mythe Juif du paradis perdu. La psychanalyste Françoise Dolto a vu dans cette culpabilisation de la femme l’expression d’une revanche de l’homme frustré du pouvoir divin de l’enfantement ! L’homme devait justifier son coup de force physique contre la femme par des raisons métaphysiques. Cette injustice ontologique faite à la femme ainsi qu’aux  valeurs féminines est responsable de tous les déséquilibres du monde actuel saturé de valeurs masculines agressives. L’erreur du féminisme de combat fondé par Simone de Beauvoir est d’avoir posé implicitement les valeurs masculines en modèle à suivre, refusant dogmatiquement l’idée d’une égalité dans la différence. Les féministes d’aujourd’hui, inspirées notamment par le modèle taoïste sont bien plus pertinentes dans leur volonté d’ériger les valeurs féminines en modèle salvateur pour la civilisation…

En Extrême-Orient, les mythes fondateurs n’ont pas tous cette tendance phallocratique et pourtant la condition de la femme n’a pas été meilleure dans cette partie du monde. Peut-être qu’à l’image de la culture Samouraï très dure, l’homme asiatique n’avait pas besoin d’une justification morale pour soumettre la femme, la force brute suffisant ? Au Japon précisément, le mythe d’Amaterasu exaltant l’Amour de la Déesse du Soleil aurait pu compenser la dureté virile de l’éthique samouraï. D’après le mythe Shinto, Amaterasu se serait retiré dans une grotte après avoir été violé par son frère, privant ainsi l’humanité de sa lumière et de sa chaleur. Grace à un subterfuge des Dieux ayant réussi à faire sortir la déesse du soleil de sa grotte à travers un beau spectacle de musique et de dance, l’humanité aurait été sauvée ! Le sourire rayonnant de la belle femme n’est-il pas toujours la promesse du salut pour l’homme ?

Dans la cosmologie chinoise, le Tao s’exprime à travers le couple complémentaire du Yin et du Yang, le féminin étant Yin et le masculin Yang. Lao Tseu dans son Tao Tö King a même tendance a accordé un certain privilège au principe Yin pour contrer la survalorisation du principe Yang chez son rival Confucius. Aujourd’hui, la femme asiatique séduit de plus en plus d’hommes occidentaux en raison de sa féminité pleinement assumée. L’incarnation des valeurs féminines de tendresse, de douceur ou de discrétion n’empêche pas les femmes d’Asie d’assumer de plus en plus de responsabilités dans leurs pays. N’oublions pas que c’est en Inde avec Indira Gandhi puis au Pakistan avec Benazir Butto qu’on a eu les premières femmes chefs d’Etat…

Au Moyen-Orient où la situation des femmes demeure souvent difficile, il y a tout de même des évolutions encourageantes. On peut espérer que l’émancipation des femmes du Maghreb aura bientôt des répercussions au Moyen-Orient. Il n’y a aucune raison religieuse qui justifie dans le Coran la soumission de la femme, mais simplement un appel à la pudeur et à la loyauté. L’instrument le plus efficace de l’émancipation de la femme arabo-musulmane aujourd’hui c’est indiscutablement l’instruction. Aujourd’hui c’est certainement les femmes Arabes qui font le plus pour redonner au monde arabe son rayonnement d’autrefois…

Pour résumer la différence de l’évolution du statut de la femme en Occident et en Orient, on peut citer les cas français et chinois. La française s’est d’abord émancipée par la tête à travers des femmes intellectuelles célèbres, tandis que la Chinoise s’est d’abord émancipée par le pied en obtenant la fin du calvaire des pieds bandés.