Renforcer la culture de la paix par le bénévolat
Saturday, December 4, 2010
« Renforcer la culture de la paix par le bénévolat »
4 décembre 2010 à l’Espace culture et Paix, Paris.
Intervention donnée par Mr Alain Raulot.
Introduction à la paix
Signification de la paix
« La paix n’est pas un cadeau que nous recevons passivement. Nous la construisons, comme un pont sur les eaux tourmentées, comme une œuvre d’art ou comme un enfant depuis la gestation jusqu’à la maturité. Cela veut dire aussi que la paix est quelque chose de vivant, qu’elle appartient à une culture de vie. La guerre, en revanche, relève d’une culture de mort. La paix mène à la vie, la guerre au mensonge. » Neil Young (chanteur)
Un groupe de prix Nobel de la paix a créé le Manifeste 2000 pour une culture de la paix et de la non-violence. L’ensemble des plus de 75 millions de signatures recueillies à l'appel de l'Unesco a été présenté à l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2000.
« L‘intelligence ne vaut qu'au service de l‘amour »
Antoine de Saint-Exupéry, Pilote de Guerre
• Respecter la vie et la dignité de chaque être humain sans discrimination ni préjugé.
• Pratiquer la non-violence active, en rejetant la violence sous toutes ses formes : physique, sexuelle, psychologique, économique et sociale, en particulier envers les plus démunis et les plus vulnérables, tels que les enfants et les adolescents.
• Partager le temps et les ressources matérielles en cultivant la générosité, afin de mettre fin à l’exclusion, à l’injustice et à l’oppression politique et économique.
• Défendre la liberté d’expression et la diversité culturelle en privilégiant toujours l'écoute et le dialogue sans céder au fanatisme, à la médisance et au rejet d’autrui.
• Promouvoir une consommation responsable et un mode de développement qui tiennent compte de l'importance de toutes les formes de vie et préservent l'équilibre des ressources naturelles de la planète.
• Contribuer au développement de la communauté, avec la pleine participation des femmes et dans le respect des principes démocratiques, afin de créer, ensemble, de nouvelles formes de solidarité.
Prolongeant la durée de cette initiative, l’Assemblée générale a proclamé la première décennie du XXIe siècle et du troisième millénaire, les années 2001 à 2010, comme « Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde ».
Le prix Nobel de la paix 2001 fut remis conjointement aux Nations unies et à son secrétaire général, M. Kofi Annan.
1ère PARTIE : Les fondements pour une culture de paix
Une culture de paix ne relève pas de la magie des belles envolées qui tombent de tribunes comme les Nations unies. Elle germe dans les caractères trempés et les âmes fortes. La culture reflétant l’esprit de son peuple, une culture de paix repose sur des êtres portés à la paix car pacifiques dans leurs pensées, leurs sentiments et leurs actes. Une âme noble se donnera les moyens d’étendre le champ de sa bienveillance.
Avec cette attitude, la culture de la paix peut gagner la famille, la collectivité, la nation et au-delà, en servant les autres et en se dévouant pour un bien supérieur.
« Le plus grand service qu’on puisse rendre à un être:
lui apprendre de très bonne heure à savoir user de la vie. »
Henry de Montherlant (extrait des Carnet)
A. Personnalité accomplie et paix intérieure
Une culture de paix commence avec l’individu. La paix intérieure en est la clef. Le caractère, c’est toute la vie, ce qu’on pense, ce qu’on ressent, ce qu’on fait, et pourquoi.
D’où cette insistance à cultiver le cœur et le caractère. Pour l’éducateur Kevin Ryan, avoir un bon caractère, c’est : « connaître le bien, aimer le bien et faire le bien ». Les occasions de servir nous poussent à agir sur ce que nous estimons être bien et pour développer l’amour du bien. Du savoir, de l’émotion et de l’action, c’est le tiercé gagnant d’une personnalité accomplie. Être mûr, c’est :
- • discerner le bien et le mal
- • faire passer l’intérêt supérieur avant le sien
- • respecter ses engagements
- • renforcer son attrait pour l’altruisme.
Poussée par sa conscience à servir l’intérêt supérieur, une personne mûre sera prête à prendre responsabilité en voyant ce qu’il faut faire. La conscience se cultive à la maison, à l’école et dans la communauté.
2ème partie : Inciter à servir
« Enseigner aux autres la bonté, tu peux avoir besoin de leurs services. »
André Gide (Extrait de Journal 1939-1949)
Il est bon de servir les autres : autant pour sa propre croissance que pour soutenir la société à tous les niveaux, comme membres de la grande famille humaine. Les occasions de servir sont légion : dans les écoles, les organisations non gouvernementales ou les services de l’État.
A. Éveiller l’intérêt pour le service
Il y a plusieurs façons d’éveiller l’intérêt à servir les autres :
- • Évoquer les besoins au grand jour. Quand le cœur s’émeut devant un besoin auquel on sait apporter une réponse, la conscience incite à passer aux actes.
- • Proposer des modèles. Les membres de la famille, les enseignants, les voisins et d’autres figures respectées pour leur vie altruiste ont un effet d’entraînement.
- Utiliser les médias. L’altruisme doit être injecté dans la culture populaire. Il faut mettre en valeur ceux qui comptent dans la vie des autres.
- • Encourager la réciprocité. Avoir été aidé peut générer le désir de donner en retour, au bienfaiteur ou à ceux qui en ont besoin. On n’est jamais assez riche pour n’avoir besoin de rien ni assez pauvre pour ne rien donner.
- • Encourager les occasions de croissance personnelle. En poussant à servir, on favorise les rencontres, on élargit son expérience de la vie, on permet aux gens de se former utilement et d’apporter leur part.
- • En mêlant le service à d’autres activités. Le service peut être un défi stimulant dans le cadre d’activités éducatives, sociales et culturelles.
B. Pédagogie par le service
La pédagogie par le service est une occasion d’apprendre et de forger son coeur et son caractère en servant les autres. Par ces programmes où les participants servent et vivent pour les autres d’une façon judicieuse, l’empathie, la compassion et le sens des responsabilités sont sollicités autant que l’intellect.
La pédagogie par le service revêt plusieurs aspects :
- • Le corps enseignant s’implique fortement auprès des étudiants comme guides et comme mentors.
- • Les étudiants acquièrent des savoirs et des dons qui complètent leur formation.
- • Les étudiants ont l’occasion de porter un regard critique sur leurs expériences.
- • Le service répond à un besoin clairement identifié par la communauté bénéficiaire.
- • Les bénéficiaires du service ont un rôle majeur et contrôlent les activités des étudiants et des enseignants
3ème Partie: Quand l’entraide et la paix se rejoignent
« Celui qui a rendu un service doit se taire;
C’est à celui qui l’a reçu de parler »
Sénèque
A. Un cercle d’apprentissage
L’entraide ouvre des perspectives nouvelles et intéressantes sur la vie et ses défis. Elle nous pousse à mieux nous connaître, et à connaître les autres.
La croissance personnelle se produit quand on accepte de quitter sa « zone de confort » en se lançant un défi. Il faut se dépasser pour atteindre l’excellence.
Servir nous aide aussi à comprendre les autres et à catalyser l’amour et la compassion.
Les leçons tirées de l’entraide sont des atouts qui vont resservir dans toutes sortes de relations.
Le service a plus de portée quand il fait une place à la réflexion. Réfléchir sur nos motivations, nos observations, notre façon de réagir, de contribuer, d’entrer en rapport avec les autres, tout cela est très instructif.
B. Créer des liens
Nous sommes des êtres sociaux, c’est un trait naturel qui donne à l’individu un élan spontané à vivre pour un but qui le dépasse.
Servir ensemble renforce les liens entre parents et enfants et crée un héritage pour servir les autres. Toute une famille peut par exemple se mettre à préparer et distribuer de la nourriture, repeindre un immeuble ou nettoyer un lieu public
La paix avance dans le monde quand les pays œuvrent pour le monde et que le monde soutient les nations. Ainsi se tissent des liens de solidarité à tous les niveaux.
Autonomisation
Un déséquilibre peut s’instaurer entre ceux qui servent et ceux qui sont servis. Le service se fait souvent pour les gens, plutôt qu’avec eux. Quand ceux qui servent semblent supérieurs à ceux qui sont dans le besoin, la dignité humaine en prend un coup.
Les démunis et les humiliés peuvent alors se croire victimes et ceux qui sont plus nantis peuvent voir dans les biens matériels l’origine de leur valeur et de leur identité.
D. Développement global
L’être humain étant de nature spirituelle et charnelle à la fois, tant l’esprit que le corps ont leur part dans le processus global du développement. Tant que l’aide au développement mise sur les seuls moyens financiers et matériels pour soulager la pauvreté, la faim, la maladie et la violence, ces maux continuent d’affecter les gens.
La genèse des problèmes sociaux n’est pas vraiment le manque d’argent ou d’accès aux biens de consommation et de services. Les problèmes fondamentaux ont toujours été moraux, éthiques et spirituels. On n’extirpe pas le lucre, l’égoïsme et la haine à coup d’aides financières seulement. Il est donc essentiel de creuser le filon moral et éthique du développement.
E. Supprimer les barrières
La rancune tombe quand l’offre de service est sincère. Il peut y avoir dans un groupe des peurs et des rancœurs très ancrées contre un autre groupe, qui s’expliquent par la guerre, l’oppression, le racisme, l’injustice, les idées reçues. Les projets d’entraide qui ont un souci de culture de la paix invitent donc les représentants des groupes en conflit à se déplacer ailleurs et à œuvrer pour le bien d’autrui. Voir les représentants d’un groupe ennemi se mettre sincèrement à servir les autres, ne peut qu’ouvrir les cœurs des deux côtés.
Le service implique de rétablir de vrais liens. On doit s’attendre à des heurts entre personnes et en faire un bon prétexte pour établir de meilleures relations. C’est un défi de chercher de bons rapports avec ceux qui ne vous disent rien, et de travailler avec des gens d’autres races et cultures. Le plus ardu est de continuer à servir malgré le rejet. Quelque chose de bon sortira de tout service offert avec un cœur aimant, même si cela tarde à se manifester.
F. La transformation du cœur
Il y a dans le service de quoi transformer le bénéficiaire et le bienfaiteur. Le bénévole se sent valorisé par la gratitude que ses gestes de service inspirent à ceux qui l’apprécient. Quant au bénéficiaire, il se sent valorisé du fait que quelqu’un aille jusqu’à quitter son confort pour lui donner ses ressources et son temps.
G. Bonheur et accomplissement
Le médecin et philosophe alsacien, Albert Schweitzer, déclara un jour :
« Je ne sais quelle sera votre destinée, mais je
sais au moins une chose : les seuls d’entre vous qui connaîtront
vraiment le bonheur seront ceux qui auront trouvé
le moyen de servir autrui. »
"Parmi les participants, certains étaient responsables d'association; ils ont pu aussi présenter leurs activités et continuer d’échanger autour d'un bon gouter