Jordane - Un ami au téléphone
AMMAN, JORDANE: Le Dr Ghazi Tayyeb reçoit un appel l’année dernière. À l’appareil, la voix d’un ami : « Alors, tu es Ambassadeur de paix ? »
Oui, fait d’une voix douce l’ancien commandant en chef des forces de l’ONU en Croatie.
Et l’autre de répliquer : « Prouve-moi que tu es bien un Ambassadeur de paix. »
Le défi pique sa curiosité : « Je dois en savoir plus pour voir si je peux t’aider. Que veux-tu, dis-moi ? »
L’interlocuteur lui dit alors : « J’ai des amis – une famille avec trois femmes et deux hommes. Ils sont en danger au Liban. Leur zone est sous les obus. »
Le Dr Tayyeb le sait : la situation est alors très mauvaise. Entre le Hezbollah et les Israéliens, c’est une pluie d’obus.
Pour l’interlocuteur, une assistance humanitaire de base s’impose pour aider des gens dont la vie est en danger. Le Dr Tayyeb, vice-président de Jordan Aviation, a accès à des ressources, mais mobiliser de l’aide au-delà des frontières en plein conflit n’est pas simple.
« Je ne promets rien, mais j’essaie », fait-il à son ami.
Le Dr Tayyeb passe alors un coup de fil à l’un de ses amis à la cour royale de Jordanie. Ce dernier lui dit : « Bon, tu contactes untel [membre du personnel de l’Ambassade de Jordanie à Beyrouth]. Je lui envoie une lettre pour lui demander d’aider ces gens là. »
Le Dr Tayyeb rappelle aussitôt l’interlocuteur anxieux et lui dit : « Appelle tes amis au Liban et dis-leur d’aller à l’ambassade ou d’appeler cette personne. »
La communication se fait alors avec ce diplomate qui dit : « Soyez à Beyrouth à telle heure, je vous attends. » La réunion a lieu. Conduite à l’aéroport, la famille embarque sur un appareil de l’Armée de l’air jordanienne.
L’appareil arrivant de Beyrouth va se poser, et le Dr Tayyeb attend à l’aéroport. « Je suis allé vers eux et me suis présenté, se souvient-il. La fille surtout, je m’en souviens ; dans les 18 ans. Elle était nerveuse et regardait ça et là, partout : encore terrifiée par le danger. Elle avait eu des moments très difficiles et je tentais de l’apaiser : ‘tu es en sûreté, là, à Amman. Ne t’inquiète pas’. » Mais elle avait peur.
Le Dr Tayyeb comprend alors que sa tâche d’Ambassadeur de paix n’est pas finie. Il amène la famille au Royal Hotel d’Amman et s’arrange pour qu’ils y restent trois jours. La fille ne se calme qu’en voyant les touristes d’Angleterre, des États-Unis, du Japon et d’ailleurs dans l’hôtel. Au bout de trois jours passés à l’hôtel, la famille gagne l’Europe. Le retour sur Beyrouth se fera plus tard, une fois le calme revenu.
Le Dr Tayyeb marque une pause et commente : « La maman de la fille m’a dit en larmes : ‘Vous lui avez sauvé la vie’. »