Paris, France - En ce jour de deuil national, au nom de la Fédération pour la paix universelle, nous prions pour les douze personnes tuées dans l’attentat du 7 janvier et les nombreux blessés. Nous exprimons toute notre sympathie aux proches des victimes ; leur assassinat nous heurte vivement comme Français et, tout simplement, comme êtres humains.

Les assassins disent avoir tué au nom de Dieu. Ils blasphèment ; le terrorisme, qui puise sa force dans le ressentiment et la revanche contre autrui, contredit l’enseignement profond de chaque religion. Tous les responsables musulmans qui nous font l’honneur de travailler avec la Fédération pour la paix universelle condamnent ce terrorisme, contraire à l’islam.

Reste une question sérieuse : comment mettre fin à la spirale de la terreur ? La population pressent déjà que les simples mesures politiques ou policières seront insuffisantes. Il y a donc une réaction de la société civile et des rassemblements spontanés sur les places publiques pour se recueillir. Mais l’expérience récente montre aussi la limite de l’émotion immédiate et des slogans. ‘‘Bring back our girls’’, ‘‘not in my name’’ ont été repris dans le monde entier, avec peu de résultats concrets. Saurons-nous quoi dire et quoi faire après « Je suis Charlie » ?

L’attentat contre Charlie Hebdo a frappé la liberté, notamment la liberté d’expression, fondamentale en démocratie. Mais la poursuite de la liberté, qui n’est pas imprégnée du sens d’autrui et du respect des autres, mène au conflit. Chaque fois qu’au nom de la liberté d’expression, nous humilions et offensons autrui, que ce soit sur les réseaux sociaux ou dans les médias, nous risquons d’attiser inutilement la haine. Chez beaucoup de nos contemporains, rien n’est plus cher que le sentiment religieux. Ils ont droit au respect de leurs convictions les plus profondes.

Suscitée par une motivation religieuse, cette terreur a besoin d’une réponse religieuse ; ou plutôt interreligieuse : contre l’égocentrisme destructeur de la motivation terroriste, elle doit affirmer la valeur absolue de chaque vie humaine et l’unité profonde de tous les membres de la famille humaine. Ainsi, afin d'être en mesure de transcender les conflits, la démocratie doit être fondée sur une éthique universelle, sur les valeurs essentielles des grandes religions – la bienveillance, la miséricorde, l’amour du prochain.

Face à la violence qui risque d’aller en s’amplifiant, la Fédération pour la paix universelle appelle à une alliance des religions, dépassant leurs conflits historiques, pour redonner du sens à la démocratie. Elle appelle à une coopération accrue des responsables politiques et religieux, seule apte à maintenir la paix démocratique. Elle appelle au sens de responsabilité des médias vis-à-vis de la paix religieuse, sociale et politique. Avec le concours des Ambassadeurs de paix, nous renouvelons notre détermination de soutenir ces efforts dans notre nation et dans le monde.