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S. Goswami : Un changement de paradigme spirituel

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« Ô Couple Divin au nom et formes infinies !
Pour nous bénir tu revêts d’innombrables apparences,
Des mains de grâce, des yeux de vision, des esprits remplis d’idéaux,
Ô Être éternel ! nous nous prosternons devant toi ! »

Chers frères et sœurs

Nous sommes incontestablement devant une crise d’une ampleur générale. Les raisons en sont nombreuses. Une crise surgit avant tout quand on est dépourvu de ressources devant une situation. En général, c’est ainsi. Mais pourquoi est-on dépourvu ? Et de quoi ?

Les ressources ne manquent probablement pas. Ce qui fait défaut, c’est la capacité de les reconnaître. L’humanité a toujours eu la chance d’avoir des personnes ressources – des figures comme Krishna, Bouddha, Zoroastre, Moïse, Jésus, et le prophète Muhammad, que la paix soit sur eux. Ils furent tous capables de comprendre les fautes du passé et d’identifier les problèmes du présent.

La réussite ou l’échec de ses dirigeants : voilà à quoi l’humanité doit ses bons et ses mauvais moments. L’eau s’écoulera toujours vers le bas – quelles que soient les nuances de ses systèmes religieux, sociaux, économiques, politiques, idéologiques. Des guides comme Mahatma Gandhi et Martin Luther King ont réussi non seulement à analyser le passé mais aussi saisir les possibilités cachées dans le sein du futur pour les appliquer à leur propre temps. Chaque fois qu’il y a eu un changement de paradigme, il était toujours futuriste.

Le révérend Sun Myung Moon est un tel guide pour notre temps. Il est très en avance sur son temps mais tout à fait de son temps. Sa vision d’une « ONU de type Abel » est l’aboutissement logique d’un long engagement au dialogue, qui ne se limite pas au dialogue intra-religieux ou interreligieux mais comporte aussi une volonté de parler aux savants, aux politiciens, aux artistes, aux hommes d’affaires.

L’ONU a été et demeure une institution utile, malgré son incapacité à produire ce qu’elle était censée produire. Cette impuissance de l’ONU a une cause précise. On s’est toujours senti gêné à l’ONU pour tendre la main à la plus puissante institution humaine, à savoir la religion, laquelle est au sommet des entreprises humaines. Combien de fois avons nous vu la puissance politique et militaire des pays du G-8 impuissante face aux décrets émis par la religion. Dans le passé, et même un passé guère éloigné, l’arrogance née de l’ignorance de dirigeants qui n’ont pas fait alliance avec des forces et des institutions religieuses a été des plus nuisibles pour la paix et la prospérité.

Le révérend Moon a vu les humains souffrir de cette dichotomie entre les processus spirituels et socio-économiques. Il a donc pris les devants avec une grande conviction pour les harmoniser à nouveau au sein des « Nations unies de type Abel ». Le révérend Moon a des idées et des projets remarquables pour démolir les murs de division et bâtir des passerelles. Les « Nations unies de type Abel » sont une vision de plus grande dimension encore que le projet de tunnel sous le détroit de Béring.

En quoi les « Nations unies de type Abel » peuvent-elles servir l’humanité ? Je voudrais rapporter une nouvelle de mon pays dont les médias n’ont pas dit mot. Bénarès est l’un des plus grands lieux saints de l’hindouisme. Il y a deux ans, la sainteté de son temple le plus populaire a été profanée par une bombe insensée. Des centaines de fidèles ont perdu la vie : des hommes, des femmes, des enfants innocents. Le chef du temple hindou a immédiatement appelé la population à garder son calme, pardonner les coupables et ne pas rétorquer par la violence.

Cette voix de la sagesse et du cœur, la foule l’a entendue. Et dans cette foule, il y avait le responsable musulman de Bénarès. Il est venu au Temple et a demandé aux prêtres de le rouvrir alors que les blessés étaient encore pris en charge et qu’on évacuait les morts. Il a assisté au rite de la lampe, reçu la grâce et immédiatement décrété publiquement que l’Islam ne supporte pas un tel sacrilège : ceux qui ont commis ce crime, fût-ce au nom de l’Islam, n’étaient pas des Musulmans et devaient être poursuivis par la loi des hommes. Conséquence : le sang n’a pas coulé et les affaires ont repris.

Quand l’esprit de dialogue a permis au mahant hindou et au mufti musulman de parler d’un même cœur et d’une même voix et d’agir de façon responsable, l’humanité y a été gagnante. Tout comme les Musulmans et les Hindous. Les perdants, des criminels ignares, ont de nouveau frappé Bénarès voilà deux mois. Et une fois encore, misant sur les bienfaits d’une approche authentiquement religieuse, Bénarès n’a pas perdu sa paix ni par conséquent sa prospérité.

De même, une autorité interreligieuse dans des « Nations unies de type Abel » sous forme d’un conseil interreligieux aux Nations unies peut rendre de grands services. Bénarès est l’exemple vivant de penser globalement et d’agir localement.

Le révérend Moon joue magnifiquement de ce paradigme. Basudhaiva kumunbakam disent les Hindous : la terre entière est une grande famille. Cette foi dans le système familial s’appuie sur des vertus et des valeurs spirituelles. Si la famille doit s’épanouir, les mots clés sont alors aimer, servir, partager etc. Le révérend Moon a vécu ce paradigme.

Chaque fois qu’il y a eu un changement de paradigme, les acteurs du changement ont mis le pied droit en avant et le reste a suivi. Quel est le paradigme de ces guides ? Caitanya Mahaprabbhu (1486-1533) en était convaincu : « avoir l’humilité d’un brin d’herbe, la patiente magnanimité d’un arbre, aucun désir pour les honneurs tout en respectant les autres sont les traits de ceux qui servent l’humanité. » Ce paradigme peut paraître excessivement simpliste, mais il est très, très difficile de le traduire en actes. Et le révérend Moon le fait.

La Fédération pour la paix universelle, cette famille élargie du révérend Moon, peut et doit agir pour fortifier l’humanité et ses institutions. Dans le passé, nous avons sans cesse répété l’erreur de ne pas écouter ces visionnaires ; la plupart furent rejetés. Mais l’histoire en a décidé autrement. Le temps a eu raison de notre ignorance et de notre arrogance. Les soi-disant réprouvés ont créé l’histoire. Dans la conjoncture actuelle, peut-on se permettre de manquer l’autobus du révérend Moon ? Non. Ce bus n’a pas seulement un excellent pilote, mais le co-pilote est également doué. J’ai hâte d’entendre son fils, le Dr Hyun Jin Moon.

Vrindavan, ville du centre nord de l’Inde, est le site d’une ancienne forêt où le Seigneur Krishna aurait passé son enfance selon les croyances hindouistes. Shrivatsa Goswami est un maître spirituel dans un temple voué à la la déesse Radha, compagne de Krishna ; son discours évoque l’explosion qui, le 7 mars 2006, a frappé le temple Sankat Mochan Hanuman, un des lieux les plus vénérés de la ville sainte de Bénarès sur le Gange. Son responsable, Veer Bhadra Mishra et le Mufti Maulana Abdul Batin ont œuvré ensemble pour prévenir des actes de vengeance entre les groupes religieux. Ce discours a été donné lors d’une Conférence internationale de dirigeants à Washington le 17 décembre 2007.