Canada-2016-11-12-UPF and Faith-based Groups Host Montreal Conference

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Montréal, Canada—Le vivre-ensemble, sans les religions ? ...Impossible ! Impossible en effet a été la réponse à cette question posée lors d’un forum organisé par une coalition d’organismes, et financé en grande partie par la Fédération pour la paix universelle, qui a eu lieu à la salle Laurentien de l’église Saint-Sixte à Montréal le 12 novembre 2016.

Sept organismes, qui se soucient du vivre-ensemble à Montréal et du rôle qu’y jouent les communautés de foi, ont collaboré à ce projet : CARP Montréal, le Centre Bel-Agir, le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), le Centre étudiant Benoît-Lacroix, la Fédération pour la paix universelle (FPU), le Conseil des leaders religieux de Montréal-Nord (CLRMN) et Religions pour la paix.

La journée fut animée par Mme Danièle DeLorimier, agente de pastorale depuis de nombreuses années.

Après quelques mots de M. Franco Famularo, secrétaire-général de la FPU au Canada, M. Alan DeSousa, maire de l’arrondissement Saint-Laurent, a exprimé son enthousiasme de voir un tel événement être organisé dans son arrondissement. Mentionnons que Saint-Laurent affiche la plus grande diversité ethnique au Canada ainsi que la plus nombreuse population d’origine arabe.

La première table ronde avait pour thème Le rôle des médias dans le vivre-ensemble : entre sensationnalisme et information. On y abordait la question sensible de l’influence des médias sur l’opinion générale au sujet des communautés de foi.

Anne-Marie Sicotte, romancière et historienne bien connue au Québec, a expliqué que les médias sont des entreprises qui ont une nécessité de rentabilité. De ce fait, leur tendance au sensationnalisme affecte leur couverture du fait religieux.

Dalida Awada, blogueuse et fondatrice de Paroles de femmes, qui écrit régulièrement dans le magazine Voir sur les droits des femmes, le racisme et l'islamophobie, a affirmé qu’il y a une mauvaise représentation de l'islam dans les médias. Cela crée une grande difficulté à développer un dialogue constructif dans la société pour les musulmans.

Lamine Foura, animateur de radio à Montréal, a déclaré qu'il y a une perception générale que les médias expriment la vérité qu’aucun pouvoir ne détient la vérité absolue. La solution se trouve dans l'éducation pour développer un esprit critique.

Jean-Claude Leclerc, journaliste bien connu qui enseigne le journalisme à l'Université de Montréal a tiré parti de sa longue expérience de commentateur sur l'éthique et la question religieuse pour le quotidien Le Devoir. Issu d'un milieu francophone homogène, il s’est rendu compte lors de son arrivée à Montréal pour ses études que la pluralité culturelle et religieuse est une richesse. Les médias ont un rôle important à jouer pour surmonter les préjugés qui sont présents dans chaque culture.

Le thème de la deuxième table ronde était L’apport du pluralisme religieux dans la promotion de la paix sociale.

Le pasteur évangélique Mésène Itilus, qui préside également le CLRMN, a suggéré que lorsque la liberté religieuse est promue, les droits de l'homme sont respectés. Le phénomène religieux est universel et les groupes religieux jouent un rôle important, entre autres, dans l’intégration des nouveaux arrivants et la réhabilitation de criminels. 

M. Daniel Picot, membre de Religions pour la Paix, a lu des extraits d’une conférence de Dominique Boisvert, co-fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV), qui ne pouvait pas être présent. Celui-ci estime que les groupes religieux ont besoin de reconnaissance pour les contributions qu'ils apportent à la société, mais ils ont aussi besoin d'autocritique. Il est important de mettre l'accent sur ce qui nous unit au lieu de ce qui nous divise.

Meriem Rebbani-Gosselin, doctorante à l'Université de Montréal et chercheure au CPRMV, affirme que la radicalisation que l'on observe aujourd'hui montre le besoin d'inclure les gens de la communauté dans le dialogue collectif. L'ignorance du fait religieux dans certaines institutions fait que les besoins de certains individus et groupes sont ignorés.

La troisième table ronde traitait de La gestion du pluralisme religieux dans l’espace politique.

Isabelle Laurin, membre actif de la FPU et l'un des membres fondateurs et actuelle secrétaire du CLRMN, a exprimé que, bien qu’ils aient déployés beaucoup d'efforts pour organiser des projets rassembleurs, les groupes religieux ont le sentiment que leur rôle est ignoré par les autorités municipales et que les règlements municipaux adoptés en 2013 sont l’expression de cette non-reconnaissance. Une plus grande écoute du côté municipal a récemment été amorcée. 

Solange Lefebvre, titulaire de la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse à la Faculté de théologie de l'Université de Montréal et experte-conseil très recherchée par les médias et les gouvernements du Canada et de l'étranger, a expliqué que le soutien indirect aux groupes religieux que les municipalités offrent en termes de taxe foncière peut être un problème pour les villes. Certaines villes sont plus en mesure que d'autres d'être généreuses à cet égard en raison de leur capacité financière. Une compréhension mutuelle entre les communautés de foi et leur arrondissement est nécessaire.

L'ancienne juge de la Cour supérieure, Mme Anne-Marie Trahan, a expliqué que la laïcité au Canada veut dire principalement qu'il ne faut pas préférer une religion aux dépens d'une autre. Notre modèle est bon car les gens de diverses communautés se sont en général bien intégrés.

La dernière table ronde a consisté dans le Témoignage du Collectif pour l’unité, Île-des-Sœurs Dans cette étude de cas, Mourad Bendjennet, architecte de profession et bénévole et Sélima Driss, femme d'affaires et bénévole, ont parlé du cheminement et des réalisations des communautés de foi juive, catholique et musulmanes de l’Île-des-Sœurs à Verdun (un arrondissement de Montréal) qui ont uni leurs forces et leurs ressources pour venir en aide avec succès aux familles de réfugiés syriens. Ils ont exprimé que de tels efforts conjoints sont les plus efficaces pour prévenir la radicalisation.

Le forum comportait des périodes de questions après chaque table ronde et a stimulé de riches échanges entre la cinquantaine de participants tout au long de la journée.