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J'L.G. Liese - L’Afrique et la paix

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Extraits de présentation donnée à l’Assemblée 2007 de la FPU


Je crois être née avec l’amour de l’Afrique. Petite fille, je me souviens de mes rêves d’Afrique. Il y a dans le mot Afrique quelque chose qui parle à mon cœur et à mon âme. En fait, mon fils aura trois ans dans une semaine, et il a déjà visité douze pays africains, dont plusieurs huit ou neuf fois. Il parle déjà de l’Afrique à tous ceux qu’il croise sur sa route.

Hélas, l’Occident ne porte pas toujours comme moi l’Afrique et le continent africain dans son cœur. Si j’en parle à mes collègues d’Europe et des États-Unis, ils voient la guerre et le conflit. Ils voient la corruption, le Sida, la malaria, la famine et me demandent : l’Afrique va-t-elle survivre ? S’en sortira-t-elle ? Il ne vous reste alors qu’à mettre une fois le pied sur le continent et rencontrer une personne, et vous le verrez bien : le continent va non seulement survivre mais s’épanouir, à cause de cette passion et cette force des Africains qui est sans égal. Il y a une joie de vivre chaque instant dans les communautés africaines dont je ne trouve pas d’équivalent nulle part. Il faut y être pour le sentir.

L’égalité des sexes est une de mes passions. Je travaille avec les femmes dans un tas de pays différents. Cet été, j’ai passé beaucoup de temps au Malawi, en Zambie, au Kenya, en Ouganda et au Rwanda. Cette force de Afrique est surtout le fait des femmes, je crois. Ce que les femmes surmontent, on se demande si d’autres y arriveraient. Elles s’en sortent malgré les vingt kilomètres de marche quotidienne pour aller chercher de l’eau, et sans avoir le moindre droit au bien-être sexuel ni à l’héritage de la terre. Tel est le quotidien des femmes sur tout le continent.

Dans cette conférence, il s’agit de voir la paix les uns dans les autres. A mon avis, cela commence vraiment quand les hommes et les femmes savent être mutuellement en paix. Je ne saurais vous dire le nombre d’écoles que j’ai visitées où les jeunes filles veulent s’abstenir jusqu’au mariage et d’être fidèles à leur mari une fois mariées. Mais elles n’ont pas le choix quand les enseignants vont voir leurs parents et offrent de l’argent ou les font chanter en disant : « Si vous voulez de bonnes notes, vous devez me donner votre fille. » Sans aucun droit sur leur corps ou leur sexualité, les filles en Afrique représentent le risque N°1 du VIH/SIDA aujourd’hui. Non qu’elles le transmettent ; ce sont elles qui le reçoivent faute d’avoir ces droits.

Je travaille en Afrique du Sud et dans d’autres pays où le viol est monnaie courante. Au Kenya, la banalité du viol se traduit aussi par une brutalité toujours plus sauvage. La colère monte contre la violence faite aux femmes. Ayant étudié cette violence, je me demande pourquoi la colère est si palpable. Je travaille avec la police, avec les rebelles et avec les enfants-soldats. Dans chaque pays où je suis allée, si je réunis un groupe d’hommes, ils pestent contre l’égalité des sexes, y voyant une menace.

La paix, nous répète-t-on, est plus que l’absence de guerre. Eh bien, l’égalité des sexes n’est pas l’absence des hommes. Nous avons besoin des hommes. Nous avons besoin d’hommes et de femmes en partenariat de travail. La foi Baha’i compare les hommes et les femmes aux deux ailes d’un oiseau, et un oiseau ne vole pas sur une seule aile. L’humanité est un oiseau qui a une aile brisée. Les hommes et les femmes doivent être partenaires, c’est le seul moyen de guérir l’aile brisée. Nous devons nous apprécier mutuellement comme de précieux partenaires si nous voulons avoir des familles saines et des enfants aimants et protégés. Pour avoir la paix dans le monde, commençons par voir la paix entre nous. On ne doit pas se sentir menacés. Nous sommes faits pour vivre et travailler ensemble sur cette planète.