Canada—Poursuivant notre série de visioconférences qui a débuté en mars de cette année sous le titre « La RPDC vue de l'intérieur », cette troisième conférence qui a eu lieu le 23 juin 2022 a réuni la FPU Canada et la FPU-EUME avec des gens de la Norvège, de la Fédération de Russie et du Canada, lesquels ont tous beaucoup voyagé en RPDC. Ces derniers ont partagé leurs idées et leurs expériences pour nous révéler un peu plus de la vie réelle qu'ils ont connue en Corée du Nord.
Robert Duffy, secrétaire général de la FPU Canada a introduit la conférence et le Dr Franco Famularo, président de la FPU Canada, en a été le modérateur. Le premier intervenant a été M. Torben Bjørke-Henriksen de la Croix-Rouge norvégienne. Il a parlé de ses voyages et de ses relations en RDPC lors de ses missions humanitaires. Ses anecdotes et ses photos ont révélé différents aspects de la réalité sociale sur le terrain alors que lui et son équipe s'engageaient avec les Nord-Coréens dans leur travail pour les populations locales à travers le pays. Il a raconté qu’il a eu l'occasion de jouer au football avec des enfants, et à sa grande surprise, l'un d'eux avait une équipe favorite : Barcelone, et son joueur préféré était Lionel Messi, ce qui signifie que beaucoup de Nord-Coréens en savent beaucoup plus sur le monde qu'on ne le soupçonnerait d'après les informations dans les médias occidentaux.
Ensuite, M. Suhae Kim, un homme d'affaires coréen vivant au Canada, a parlé de son expérience de la vie quotidienne en RPDC dans entrevue avec le professeur Joseph H. Chung. Depuis 1994 jusqu'à la pandémie, il y rend visite à sa sœur deux fois par année. Grâce à ses observations, il a pu se faire une idée du fonctionnement de la société en RPDC du point de vue d'un ingénieur professionnel qui a travaillé en Arabie saoudite et ailleurs dans le monde sur des grands projets d'ingénierie.
Kim a donné une explication des plus utiles sur le fonctionnement de la société nord-coréenne en décrivant la société de la RPDC comme un corps, la tête guidant le corps pour le bien-être général, et les cellules du corps, les citoyens individuels, répondant et soutenant la tête. Le contrat social entre les dirigeants et le peuple, a-t-il expliqué, est une sorte de « socialisme confucéen » dans lequel les valeurs confucianistes sont caractéristiques de l'approche de la direction en matière de gouvernance, tout en montrant en même temps les qualités d'un ordre social humaniste similaire aux sociétés socialistes ailleurs dans le monde, où les élites partagent leurs expériences avec les gens ordinaires. Il a cité l'exemple des généraux de l'armée qui passent un mois par an avec les soldats de base, leur faisant la cuisine et les servant. Ce type d'interaction sociale contribue au sens d'une « éthique familiale » nationale et à la confluence des valeurs confucianistes avec la philosophie autonomiste Juche. Ce concept d'autonomie, a-t-il dit, ne s'applique pas seulement à l'individu et à la famille, mais aussi à la nation dans son ensemble. « L'esprit Juche », a-t-il dit, surmonte le colonialisme étranger et les sanctions économiques; c'est la base de la défense nationale dans laquelle tous les citoyens partagent la responsabilité et se sacrifient en conséquence. Le concept de Juche comprend l'idée que la valeur humaine ne vient pas de son travail et de son statut social, mais du fait d'être un citoyen, un membre de la « famille » nationale et une personne qui contribue aux objectifs et aux idéaux de la nation.
Troisièmement, le Dr Alexandre Vorontsov, chef du Département des études coréennes et mongoles à l'Institut des études orientales de l'Académie des sciences de Russie et qui a vécu en RPDC à la fois en tant qu'étudiant et en tant que diplomate attaché à l'ambassade de Russie à Pyongyang , a donné un aperçu de son expérience là-bas pendant ses années d'études ainsi que durant son service dans le corps diplomatique et plus récemment en tant qu'universitaire.
Il se rappelait le contraste entre les représentations des développements infrastructurels en RPDC dans les médias, comme n'existant que pour les élites, et la réalité à laquelle il était confronté. Alors que la modernisation du pays avançait, il a constaté que les nouvelles technologies et les appareils électroniques se généralisaient, qu'il y avait une croissance générale de la société sur le plan économique. Certes, les sanctions ont limité le taux de croissance, mais néanmoins, des preuves d'éléments de classe mondiale ont pu être observées : p. ex. des nouveaux bâtiments très sophistiqués et architecturalement intéressants du centre-ville de Pyongyang, le goût du café avec des machines modernes pour les boissons plus sophistiquées, et des baristas en costumes propres et modernes. Il a aussi déclaré qu'ouvrir une petite entreprise pourrait être plus facile dans une ville en dehors de la capitale, car comme toutes les capitales, Pyongyang est plus une vitrine pour le pays qu'un centre pour les petites entreprises.
Le Dr Vorontsov a convenu avec M. Henriksen que si les Nord-Coréens partent à l'étranger, ils en apprendront davantage sur le monde et rapporteront ces connaissances chez eux. En fait, ils se sont rendus à l'étranger pour travailler et subvenir aux besoins de leurs proches avec leurs salaires. Cependant, les sanctions adoptées par le Conseil de sécurité de l'ONU à partir de 2006 et régulièrement augmentées par la suite ont finalement forcé cette main-d'œuvre étrangère à rentrer chez elle, coupant ainsi cette importante source de revenus sur laquelle de nombreuses familles comptaient.
En raison de certaines difficultés avec le son, nous n'avons pas pu saisir toute la valeur de la présentation du Dr Vorontsov, mais nous espérons qu'à l'avenir, nous pourrons à nouveau entendre son point de vue.
Ensuite, M. Jacques Marion, coprésident de l'UPF pour l'Europe, l'Eurasie et le Moyen-Orient (EUME), a été invité à dire quelques mots sur les visioconférences explorant plus en profondeur la vie en RPDC. Pour lui, la FPU a un intérêt et un amour particuliers pour la Corée puisque ses fondateurs, le Dr et Mme Moon, sont nés dans ce qui est aujourd'hui la Corée du Nord. Il a mentionné le projet La Route de la paix dans lequel des branches de la FPU étaient impliquées avec la Corée du Nord, et a suggéré que non seulement les Coréens, mais « le monde lui-même bénéficiera de la réunification de la péninsule ». Il a décrit brièvement la vision des fondateurs d'un lien pont-tunnel entre le Japon et la Corée, ainsi qu’un lien similaire dans le détroit de Béring entre la Russie et l'Amérique, rejointe par un réseau routier international reliant le monde entier.
Enfin, une période de questions a révélé en partie que la plupart des hommes servent dans les forces armées pendant une période de sept ou huit ans, période au cours de laquelle ils acquièrent des compétences qu'ils peuvent utiliser après leur service dans un travail bénéfique. M. Henriksen a déclaré avoir vu de nombreux membres des forces armées en uniforme effectuer des travaux agricoles dans les campagnes, ce qui laisse entendre que les forces armées pourraient être impliquées dans ces travaux dans le cadre permanent de leur mandat.
La question de la philosophie Juche, centrale en RPDC, mais peu comprise, a été abordée par le professeur Joseph H. Chung, ancien professeur d'économie à l'Université du Québec à Montréal. Depuis sa retraite, il a étudié le sujet dans le cadre de son intérêt général pour la réunification coréenne. Il a expliqué que la pensée Juche signifie plus que l'indépendance, l'autonomie, l'autosuffisance – penser, agir et résoudre les problèmes sans interférence. En tant qu'idéologie, cela signifie que la valeur du peuple et la valeur du leader sont infusées en une seule. C'était l'idée que Kim Il Sung avait du Juche. Le Juche se réalise à travers l'éducation, le sport, le cinéma, la musique et reflète une passion nationale concertée pour l'unité et l'unité de cœur dans la direction de la nation. Cette unité constitue le salut des citoyens individuels dans la mesure où ils participent à la vie nationale, au dévouement au chef et à l'édification de la nation. Il a conclu que le Juche renforçait le caractère des Nord-Coréens et les aidait à surmonter des difficultés telles que celles des années 90 après la chute de l'Union soviétique, les sanctions des années 2000 et les exercices militaires plus récents de voisins dans leur arrière-cour.
D'autres questions portaient sur l'économie et le phénomène des marchés locaux, et deuxièmement, le sujet de la réunification – les points de vue des panélistes sur les perceptions en RPDC.
La visioconférence s'est terminée avec le sentiment qu'il y avait beaucoup plus à explorer et avec l'espoir que ces efforts pour mettre en lumière la vraie vie en RPDC se poursuivent. Les statistiques reçues de nos collègues de la FPU Russie ont montré que notre conférence avait reçu plus de 46 000 vues sur le site web d'OK Russie et que l'article associé avait reçu plus de 89 000 vues au 24 juin.