La route de la paix passe par l’Italie pour de jeunes palestiniens et Israéliens
Wednesday, September 10, 2008
Graduellement, toutefois, les Israéliens et les palestiniens ont commencé à se mêler au fil des conversations et des débats, en partageant des repas, en allant faire des achats et des excursions. Quand les réunions plus formelles touchaient à des sujets politiques, la discussion s’échauffait, d’autant que la délégation comprenait plusieurs étudiants en science politique. Au final, chacun a vite fait de s’apercevoir que les échanges informels sont parfois les plus fructueux.
Ces expériences essaient de créer un nouveau paradigme de compréhension et de paix, en donnant aux jeunes responsables une occasion de prendre part à la définition d’un avenir meilleur pour leurs familles, leur entourage, et leur pays.
En Janvier 2008, deux secrétaires généraux de la FPU, Giorgio Gasperoni de la République de Saint Marin et Hod Ben Zvi d’Israël, ont organisé une mission d’enquête et de dialogue inter-culturel en Israël et en Palestine pour 20 jeunes responsables italiens. Ce voyage en Italie d’Israéliens et de Palestiniens était une visite réciproque. Deux anciens participants, le Dr Azmi Abu-Soud et le Dr Shuki Ben Ami, ont servi de guides et de mentors aux jeunes palestiniens et israéliens.
On s’est d’abord arrêté à Bergame. Carlo Zonato nous a magnifiquement accueillis dans cette belle ville, offrant à la délégation l’hébergement, le transport, et des excursions alléchantes, avec l’aide de l’office municipal de la paix présidé par le Dr Maggioni. Plusieurs rencontres ont eu lieu à l’hôtel de ville avec des ONG locales actives pour la paix au Moyen orient. Quelques syndicats importants ont exprimé le vœu sincère de s’impliquer durablement dans le processus de paix. Les jeunes avaient là une occasion de partager leurs points de vue respectifs.
Un des temps forts de la visite fut le match de football entre l’équipe Israélo-palestinienne et un club local italien semi-professionnel. Les habitants ont applaudi les équipes. Malgré la défaite des visiteurs sur le score de 12 à 4, tous se sont retrouvés dans une pizzeria pour un joyeuse fête d’après match. Eyal a commenté : « Comme gardien, je n’ai encaissé que huit buts. On a d’ailleurs perdu par huit points d’écart, c’est marrant. En tout cas, on a joué dans un esprit sportif et montré au public qu’Israéliens et Palestiniens savent jouer ensemble. »
A Saint Marin, un incident a terni la présentation du soir que donnaient deux représentants, un Israélien et un Palestinien. Certains sujets politiques brûlants jetés sur la table ont créé un vif émoi dans le groupe, et fragilisé sérieusement l’équilibre délicat qui avait prévalu jusque là dans ce voyage ; du coup, il était impossible de continuer avec l’emploi du temps régulier. Le lendemain, on a laissé le temps à tous les délégués de se remettre et de reprendre leurs esprits. Peu à peu, le climat s’est réchauffé après une belle tournée de la ville menée par les scouts locaux.
A Rimini, c’est une ambassadrice de paix locale, Anna Maria, qui a accueilli la délégation. Elle a interprété de belles chansons, accompagnée par son frère, guitariste doué. Avec un groupe de blues local italien, on se serait cru à Memphis—une expérience vraiment exceptionnelle.
Les Palestiniens ont préparé un délicieux repas moyen oriental pour tout le monde ce soir là chez la famille Gasperoni. Marina a parlé alors d’un « climat spécial d’amitié et de coopération. Il s’est passé quelque chose de très intéressant dans la cuisine, et là on était tous dans la même casserole. » Les enfants de nos hôtes se sont bien occupés de la délégation : conduire, guider et traduire pour eux. Ils ont été rejoints par un groupe de six jeunes bénévoles de Service for Peace-Europe, qui ont amené la fougue de leur jeunesse. Alors que l’heure du départ se précisait, tous se sont mis à des tâches de nettoyage.
A Pesaro, après un tour de la ville à bicyclette, les délégués ont été accueillis par le maire et hôte, Mme Pecchia. Une magnifique journée à la plage pour s’amuser et se reposer a aidé les participants à affronter leur prochain défi : l’hébergement pour la nuit dans un centre scout hors de la ville, qui rappelait un peu une caserne militaire à certains jeunes. Cela a créé un choc et certains ont été secoués. Malgré ce trouble initial, et après des encouragements de leurs compagnons de voyage, ils ont senti qu’il valait mieux rester, trouver une solution ensemble et faire de son mieux.
Le lendemain, le groupe est allé rendre visite à un centre de soins pour des handicapés mentaux, une des fiertés de Pesaro en raison de son approche unique fondée sur une pleine intégration dans la société. Les étudiants d’une branche de l’Université d’Urbino ont rencontré les délégués pour un échange de vue.
Le dernier jour, ils ont voyagé de Pesaro à Rome à travers les paysages italiens et passé la dernière soirée à flâner dans Rome, pour y voir les sites majeurs.
Le lendemain matin, les employés d’El-Al (la compagnie aérienne israélienne connue pour ses normes de sécurité draconiennes), inspirés par la tournée de paix ont permis aux Israéliens et Palestiniens de passer ensemble par les mêmes procédures simplifiées d’enregistrement.
Dans l’ensemble, cette expérience de dix jours a été un défi pour les délégués à tous les niveaux. Au-delà de leurs différences et de leurs fortes options politiques, ils ont commencé à se sentir comme frères et sœurs avec des rêves et des espoirs similaires. Un des participants a commenté : « Il y a des liens universels entre les peuples, par delà les différences de langue ou de culture. Même un conflit historique ne saurait nous séparer quand il y a une vraie sympathie parmi nous comme êtres humains. C’est sûr que les amitiés croissantes ont été un défi pour les membres de la délégation ; mais nous avons senti que c’était justement le but à atteindre dans ce projet. »
Note : L’initiative de paix au Moyen orient de la FPU souligne le rôle des jeunes leaders dans la quête de la paix. Les projets de la Fédération des jeunes pour la paix mondiale ont réuni des délégations de Realizing the dream, dirigée par Martin Luther King III, Faith Link en Europe, et Mashatzim en Israël. Les participants parcourent Israël et la Palestine et prennent part à des discussions et des projets d’entraide, acquérant par là une expérience de premier plan pour bâtir la compréhension, le respect, et la réconciliation.
L’Italie est proche du Moyen orient géographiquement et par l’âme des gens. Si certains italiens sont tentés de prendre position pour l’un ou l’autre camp, la plupart des Italiens ont des sentiments partagés entre les deux peuples. Les Palestiniens et les Israéliens voient généralement les Italiens d’un œil chaleureux. La République de Saint Marin est un petit pays animé depuis toujours d’un réel souci de liberté et de paix. Ses habitants sont heureux d’offrir un lieu de rencontre neutre aux Palestiniens et aux Israéliens.