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Bienne, Suisse - Pour la 4ème année consécutive, la Journée d’Afrique a vu le jour après 11 mois de préparatifs du comité d’organisation représentant 9 associations. Il a été décidé de réaliser un événement sous la houlette des jeunes, pour qu’ils se sentent impliqués dans le futur de leur pays d’accueil et d’origine. Les buts de cette journée étaient de s’encourager mutuellement à développer talents et caractère, contribuer à la coexistence harmonieuse entre les générations ainsi qu’entre migrants et immigrés et établir une culture commune centrée sur le coeur plutôt que sur les dissensions venant des croyances et opinions diverses.

L’après-midi du 24 mai, le programme a commencé par la présentation de Swiss minors préparée par Koffi du Togo et Adu du Ghana et s’est poursuivie avec une explication et un film sur les droits des jeunes par Jerry Abrahamse d’Afrique du Sud.

Ensuite, l’équipe WAIT a présenté le sketch sur le SIDA, montrant les effets du virus sur le corps et les conséquences du traitement sur la vie. En préparation de la Journée d’Afrique, Nathalie Komagata, avec le soutien de l’Américaine Cathlene Bell-Dumas, formatrice de WAIT de longue date, avait enseigné et montré les éléments du programme depuis novembre à des jeunes de différentes origines et associations. C’est aussi elle qui a composé l’une des deux chansons, « Attends ! » et remodelé la danse qui ont suivi le sketch.

Cette présentation a été une répétition générale pour le soir et l’occasion d’inspirer d’autres jeunes à apprendre les rôles. Quelques-uns se sont exercés sur scène aux pas de la danse. Félicienne Villoz, sexothérapeute d’Aide Sida, a ensuite posé des questions sur le choix « d’attendre » en développant son caractère et ses talents et l’ouverture d’esprit par rapport à d’autres options de vie usuelles dans notre société. Les jeunes ont confirmé avoir reçu ces valeurs de leurs parents et ont affirmé leur conviction qu’elles représentaient le meilleur moyen de prévention.

Après une courte pause, le programme a repris à 17h avec les rythmes endiablés de Tobias Asuming, de père Ghanéen et mère suisse, étudiant à la haute école des arts de Berne, accompagné d’Emanuel Wasen. Spontanément, les enfants se sont retrouvés sur scène et ont dansé.

La secrétaire générale de la Fédération pour la Paix Universelle, Chantal Chételat Komagata, entourée des enfants, a présenté le premier discours d’ouverture, expliquant le pourquoi de cet événement. Représentant UPF, qui est une ONG avec statut consultatif auprès d’ECOSOC, elle contribue à l’établissement de la paix dans le monde en commémorant certaines des journées internationales déclarées par l’ONU. En particulier, elle est motivée par la riche rencontre Suisse-Afrique qui fait progressivement disparaître les barrières, bénéficie au développement mutuel et permet de forger une culture du coeur entre tous. Elle a aussi mis l’accent sur la nécessité d’impliquer la jeunesse avec son potentiel imaginatif et créateur de la société future et a remercié tous les représentants du comité d’organisation qui se sont investis inlassablement durant tous ces mois.

Koffi Owoussi, co-président de la commission à l’intégration de Bienne a résumé les mesures prises par la ville et encouragé les Africains à s’investir pour le bien de leur communauté. Finalement Josiane Jemmely, qui vient d’être élue au Grand-Conseil de Neuchâtel, a évoqué les nombreuses activités entreprises pour une intégration réussie de part et d’autre.

Jean Scheiben, chef de la Police cantonale à Bienne a parlé du potentiel de développement de l’Afrique à travers les Africains d’ici. Après le sketch, chants, danse de l’équipe WAIT, Noëmie Komagata, étudiante en médecine à l’Université de Berne, et Benoît Essama, spécialiste en hôtellerie et originaire du Cameroun ont présenté « Promouvoir la prévention ». Ils ont expliqué que la prévention contre les dépendances, les comportements destructifs et les produits nocifs est liée au développement du coeur et du caractère. Le meilleur moyen de surmonter des tentations aux conséquences néfastes c’est de s’adonner à des passions constructives. La maturité qui en résulte est garante d’une vie d’amour et de
santé durables.

Après avoir été lancé dans la réflexion de la prévention, le public s’est ensuite concentré dans le débat « Comment la jeunesse peut-elle créer une culture de ponts entre les êtres humains de différentes origines ? » modéré par Céleste Ugochukwu, du Nigéria, président du Conseil de la Diaspora africaine en Suisse et membre de la commission fédérale contre le racisme. Les intervenants, Gerry Abrahamse, Chaima Bessouda, Emanuel Wasem et Tobias Asuming ont répondu à ses questions ciblées en 3 langues. Parmi les nombreuses réponses, les opinions suivantes ont été exprimées : les relations entre êtres humains dépendent beaucoup de la situation familiale et de l’éducation, de la capacité non seulement d’accepter mais surtout de s’intéresser à autrui ; les ponts ne peuvent être construits qu’au prix d’énormément d’investissement pour surmonter des barrières douloureuses en soi. L’intervenante féminine de Tunisie a mis l’accent sur la nécessité d’être à l’écoute comme une des expressions d’amour, trop peu pratiquées, comme la clé pour établir des liens forts entre personnes d’origines différentes. Le public a aussi pris la parole et complété les interventions.

Le débat a fait place à la présentation de divers projets. Mamadou Diop, du Sénégal, président de Présence africaine, a parlé de la nécessité de soutenir la cuisine du coeur dans lequel participent 10 communautés différentes. Mdirema du Togo et Tesfalem de l’Erythrée, représentants du projet multicolore d’Aide Sida Berne, ont parlé de la prévention contre le SIDA. Ils ont déclaré que la l’abstinence avant et la fidélité dans le mariage demeuraient les préventions les meilleures et précisé que si ces comportements n’étaient pas possible, il fallait absolument utiliser d’autres alternatives pour éviter la contamination. José Bosekota Elonga de la RDC a présenté la Fondation Elonga qui vient au service de la jeunesse sans moyens dans un endroit défavorisé de son pays. Finalement, Asser Jambo a parlé de son nouveau Take Away africain « Ma Ailé » à la vieille ville, qu’il a ouvert en avril avec le soutien de sa mère.

Les repas confectionnés par 5 communautés, Togo, RDC, Cameroun, Sénégal et Erythrée ont donné à la centaine de personnes présentes l’occasion de nourrir leur corps de parfums et de goûts divers. Pendant le goûter, différentes présentations se sont suivies sur scène. Entre autres, on évoquera la chorale des jeunes africains de Moutier, dirigée par Carlton, la chorale de Bienne dirigée par Marthe Gsteiger et le chanteur Shiga de RDC.

Pour terminer, il faut préciser que Johnson Belangenyi, président de Swiss Exile, a animé toute la journée avec verve et répartie à la joie du public et que tout s’est fait en français et en allemand, avec quelques interventions en anglais. La traduction presque simultanée a permis aux personnes non bilingues de suivre le fil. Près de 200 personnes, de tout âge et provenance, ont participé à cette mémorable manifestation culturelle. La manifestation a été filmée et photographiée par Michel Reymond et est disponible sous : http://www.scoop.it/journeeafriquesuisse