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L’idée de faire partie d’un grand rassemblement global pour la paix séduit évidemment dans des pays encore en voie de développement, ou confrontés aux défis de la guerre ou de la violence. Mais qu’en est-il des pays du premier monde, peut-être plus installés, voire satisfaits de la façon dont les choses se passent pour eux ?

Voilà un des sujets ardus auxquels s’est attelée la Conférence canadienne des dirigeants sur le thème « Eduquer pour la paix ». Elle s’est tenue du 2 au 5 octobre à Ottawa, siège du gouvernement canadien. La ville compte en outre 126 ambassades et hauts commissariats, ainsi que des universités, des industries high-tech, des journaux, des ONG de tout le pays et du monde.

Un récent rapport des Nations unies le laissait entendre : la progression vers les objectifs du Millénaire pour le développement – destinée à améliorer les vies de plus de la moitié de la population du monde – est en perte de vitesse. Les pays développés traînent les pieds pour tenir leurs promesses d’apporter leur aide et leur expertise au développement nécessaire et ce n’est pas le moindre des facteurs.

De fait, l’établissement de liens constructifs entre les différents secteurs d’ensemble se heurte à des obstacles, notamment les contradictions inhérentes aux sociétés du Premier Monde. Par exemple, le premier Monde est prospère et entend le rester. La récente crise financière aux États-Unis a créé des vagues dans le monde entier et cela montre comment fonctionne cette démarche plutôt égoïste. Des institutions du premier monde on attend d’abord une bonne organisation et une bonne gestion. Le professionnalisme est à l’honneur. Que ces attentes soient déçues et le malaise se répand comme une traîné de poudre.

Les sociétés occidentales sont en pleine confusion des valeurs. Le déclin moral post-religieux s’y est généralisé, et avec lui la montée d’idées laïques et humanistes voire néo-païennes. À l’inverse, chez les nouveaux venus de l’immigration, la tendance est au maintien d’une vision morale et religieuse, et cela peut générer des tensions domestiques. Bien des pays se trouvent menacés et dominés par une culture populaire américano-centrée dans laquelle la moralité publique est dans une spirale descendante —encore que les poches de résistance se manifestent et bravent les railleries.

L’intégration et l’harmonisation véritables n’ont pas été faciles, malgré le poids d’institutions et structures démocratiques censées offrir à tous une égalité des chances. En réalité, la société est bloquée par certains niveaux d’élitisme économique, où on s’identifier en partie par le code vestimentaire, l’étiquette personnelle, les écoles d’où on est sortis. On a certaines valeurs à la bouche, comme les droits de l’homme, l’égalité raciale, la tolérance religieuse, l’égalité des genres, etc., mais on n’accepte que lentement et à reculons des minorités à condition d’ailleurs que la faveur des media populaires en fasse une cause célèbre.

Le rôle potentiel du Canada

En quoi le Canada peut-il aider à rapprocher au mieux les divers secteurs de la mondialisation ? Coincé par l’histoire et la géographie dans des rapports asymétriques avec des pays puissants, le Canada s’est impliqué dans le développement d’institutions multilatérales comme les Nations unies et occupe des positions importantes dans un grand nombre d’organisations internationales.

Membre des Nations unies, le Canada est présent dans toutes ses agences et missions de maintien de la paix. Il fait partie du G7 et du G8 et aussi d’associations régionales où siègent des pays des deuxième et troisième monde : l’OTAN, l’ALENA, l’Organisation des Etats Américains, et l’APEC. Ses liens historiques avec la Grande Bretagne et la France se reflètent dans son appartenance aux réseaux très étendus du Commonwealth britanniques et de la Francophonie.

Au nord, notre pays touche la calotte polaire. D’où notre vif intérêt pour les questions de souveraineté en Arctique. Un voyageur du futur pourra peut-être franchir le Détroit de Bering pour passer de la Russie à l’Alaska. Ensuite, il lui faudra traverser le Canada pour aller plus loin !

Son rôle de pointe dans les mouvements pour la paix et sa vocation de conciliateur valent au Canada sa bonne image internationale. Là où bien des pays du premier monde furent des puissances coloniales, le Canada est vierge de passé impérialiste. Le Canadien Lester B. Pearson reçut le Prix Nobel de la Paix en 1957 : il avait aidé à définir les missions de maintien de la paix de l’ONU ; le Canada y a toujours pris part. La tour centrale de nos bâtiments parlementaires est appelée la Tour de la Paix. Les ONG et les organismes gouvernementaux du Canada mènent quantité de projets de développement dans le Tiers Monde.

Le Canada a des mouvements de paix et des mouvements interreligieux très actifs. Le Conseil de Paix National de la FPU au Canada a des rencontres mensuelles dans les grandes villes, parraine des projets et travaille en partenariat avec d’autres groupes de paix et interreligieux. Par exemple, il y a un mouvement international croissant pour la création de départements de paix dans chaque pays. Le Canada, avec sa longue histoire de maintien de la paix et de solutions négociées des conflits, est dans une position unique : devenir le premier pays à proclamer un département et un ministre de la paix. La Conférence Canadienne des Dirigeants a lancé un Département Canadien de l’Initiative de Paix, qui est animé par 19 organisations.

Autre temps fort du colloque : le rôle de la police pour prévenir et résoudre les conflits avant qu’ils dégénèrent en violences. Dans une des sessions, des personnels militaires et pénitentiaires ont parlé du rôle de la police traditionnelle dans une optique de culture de paix. La police, c’est une panoplie complexe de réponses et d’activités dans des contextes divers. Le dialogue et les négociations doivent être le noyau de la culture de paix pour prévenir et traiter les conflits.

La conférence a aussi exhorté les jeunes et les croyants à s’investir dans la résolution des conflits et la construction de la paix, en offrant des aperçus, des programmes modèles, et des cours qui peuvent s’appliquer dans maintes situations. Un gala des trophées de paix le 4 octobre a mis en valeur des individualités et des groupes remarquables qui dont vraiment bouger les choses par leurs domaines respectifs pour rendre ce monde meilleur.